La chapelle Sainte-Anne
À l’ombre de l’imposante abbatiale consacrée à la Vierge Marie, la chapelle dédiée à sainte-Anne, sa mère, ouvre harmonieusement l’enclos paroissial de Daoulas. Une fois gravie la rue de l’Église, elle nous apparaît sur la gauche, en bordure d’une place jadis appelée « Leur mean », à cause d’un puits creusé dans un rocher qui s’y trouvait.
Restauré au XVIIe siècle, cet édifice rectangulaire au chevet à trois pans de type Beaumanoir, éclairé de fenêtres flamboyantes, fut malheureusement amputé au milieu du XIXe siècle d’un transept au sud, partie pouvant remonter à l’an mil, donc bien avant l’époque de construction de l’abbaye romane de Notre-Dame. Sur le chevet principal, le grand vitrail a été obstrué du fait de l’installation, vers 1660, d’un imposant retable baroque exécuté par Yves Le Déan, alors « maistre sculpteur » de Brest.
On pénètre dans la chapelle par une porte principale, de style classique, datée de 1667, et encadrée de quatre colonnes corinthiennes soutenant un entablement surmonté d’un grand gable orné d’une niche et encadré de deux colonnes ioniques. Cette niche abrite une statue de la patronne, sainte Anne, faisant lecture à la Vierge. Les niches, entre les colonnes, renferment les statues de l’époux de Marie, saint Joseph, et de celui de sainte Anne, saint Joachim. Toutes ces statues, comme l’ensemble architectural de la porte principale, sont en kersantite au grain très fin. La chambre des cloches peut être atteint par un degré posé à même sur le mur supportant un clocheton à trois étages dissemblables dont un porte la date de 1621.
Nous ignorons à quelle époque fut choisie la dédicace à sainte Anne. Peut-être cela remonte-t-il à l’époque où notre reine-duchesse Anne de Bretagne (1477-1514) fit son séjour en Basse-Bretagne en 1505. En effet, le premier document faisant mention de la « chapelle Sainte-Anne » date de 1509, année où l’abbé-évêque Jean du Largez octroya par fondation à cette chapelle des terres à Loperhet.
La chapelle Sainte-Anne avait de plus cette particularité d’être associée à un hospice, accueillant malades et pèlerins, notamment ceux du Tro Breiz qui venaient de franchir au bas de la rue de l’Église, le carrefour des Sept Saints. Nommé « moulin du bedeau » en 1825, il prolonge la chapelle et se compose d’une chambre basse et d’une chambre haute au premier étage dont le linteau en pierre de Logonna porte la date 1637. Une ouverture pratiquée dans le mur ouest permettait aux malades d’entendre et de participer aux messes célébrées dans la chapelle. Attesté dès le début du XVe siècle, l’hôpital fut par la suite, au XVIIe siècle, rattaché à l’ordre de Saint-Lazare et de Notre-Dame du Mont-Carmel, et dépendait de la commanderie de Lochrist, composante du Grand Prieuré de Bretagne, dont le chef-lieu était localisé à la maladrerie du Saint-Esprit d’Auray.
Dans un contexte plus large, celui de la vie municipale de Daoulas, la chapelle Sainte-Anne avait un rôle très privilégié. En effet, c’est en ce lieu que se réunissait régulièrement, avant la Révolution, le corps politique de la ville, alors composé de 12 membres élus, chargé, entre autres, de nommer les fabriciens des diffèrentes chapelles et confrairies religieuses.
Ainsi, l’histoire de cette chapelle citadinne s’est-elle inscrite durablement dans la mémoire daoulasienne comme un trait d’union entre la ville et l’abbaye Notre-Dame.